S'enrichir, raconter, partager, avancer
Bonjour à tous
Je me dois de faire ce petit article, comme pour mettre un point final à cette aventure, même si en fait je préfère mettre un point virgule car ce n'est pas la fin de mon histoire avec l'Inde, ce n'est j'espère que le début. Je me fais la promesse intérieure d'y retourner, car je peux le dire, je suis tombée amoureuse de ce pays. Même s'il pue, s'il est bruyant, désordonné, sale, même si les indiens sont oppressants, impatients, malpolis, déroutants. Car en fait, j'ai compris là-bas que notre mode de vie n'est pas mieux ou moins bien que le leur, il est juste différent. Nos histoires sont différentes, nos cultures sont différentes, nos habitudes sont différentes.
J'ai parfois du mal, quand on me pose des questions, à retranscrire ce que j'ai vécu là-bas, car c'était tellement à la fois ! Tellement de sentiments, de sensations, de choses à voir, à vivre, à ressentir ! Comment je pourrais résumer ces 3 mois en quelques phrases ? Je ne peux pas oublier tous les instants vécus là-bas, car tous à leur manière ont fait évoluer des choses en moi, même si je ne m'en rends pas toujours compte. Les enfants qui viennent vous dire "Namaste !" dans la rue en souriant, le moine bouddhiste qui marche 10 minutes avec vous pour vous ramener sur la bonne route parce que vous êtes perdues, l'indienne qui vous aide à trouver la station de métro, l'indien qui fait 1h de voiture pour vous permettre de monter 15 minutes sur un chameau, les enfants qui vous offrent un sac à main alors qu'eux-mêmes vivent dans une seule pièce à 7 sans eau courante, je ne peux pas oublier. Je n'oublie pas non plus ces deux indiens qui ont partagé leur repas avec nous, dans un tuk tuk commun, sans que nous ne demandions rien, je n'oublie pas le charmeur de serpents et le danseur de Bollywood invités pour Diwali, je n'oublie pas. Et en même temps, le temps commence à faire son oeuvre... Malheureusement, je commence à voir les souvenirs s'estompaient (non, je ne vais pas vous dire que l'autre jour, j'étais quasiment en larmes en me rendant compte que j'avais oublié les prénoms de certains enfants...). C'est la vie et c'est comme ça, après tout il faut bien oublier un peu pour avoir envie d'y retourner, pour avoir envie de ressentir ça à nouveau.
Oui, il y a plein d'autres pays et paysages que je voudrais voir, à commencer par la France, mais je sais et je me promets que je retournerais en Inde. Parce que c'est l'Inde et c'est tout ce que j'aime et je déteste là-bas, parce que ce sont les paysages, les histoires, les monuments, parce que ce sont les indiens et les indiennes ! J'espère aller à Leh marcher dans l'Himalaya, à Srinagar, à Jaisalmer pour voir le désert du Thar, à Bombay, à Darjeeling pour découvrir les plantations de thé, à Pondichéry et à Thiruvananthapuram pour connaître le sud de l'Inde, j'espère encore une fois faire des rencontres toutes simples et toutes belles à la fois. Parce que Gentillesse Partage et Générosité existent.
La France me parait calme par rapport à l'Inde, calme, tranquille, presque fade aussi. Moins colorée, moins joyeuse, moins trépidante, moins vivante peut-être. Ou en tout cas, très différente de là-bas ! Je ne reviens pas vraiment à la bonne période, c'est l'hiver, il fait froid, ça n'aide pas c'est sûr ! En tout cas je dois dire que j'ai vécu un choc en arrivant là-bas et je vis aussi un choc en revenant ici... Habiter trois mois dans un autre pays, ça laisse des traces. Je mesure à quel point nous vivons dans des conditions de vie privilégiées, nous mangeons à notre faim, nous pouvons étudier et faire le métier que nous voulons, nous pouvons toucher des allocations en attendant de toucher un salaire. Je tenterais maintenant de ne pas oublier cette réalité, de ne pas oublier notre chance.
Découvrir autre chose est tellement enrichissant ! On se souvient tout à coup que chaque être humain mérite d'être connu et a en lui un potentiel de qualités à mettre au service des autres, on apprend à relativiser, à vivre au jour le jour, à accepter qu'on ne peut pas tout maîtriser, à prendre des décisions rapidement, à se sortir de situations incongrues. On apprend sur soi en somme !
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On construit sa vie et on avance sur le chemin grâce aux autres, car en fait on n'est jamais tout seul, que ce soit la famille, les amis ou les rencontres dues au hasard. Si j'ai trouvé la force et le courage de partir si loin découvrir cette culture-là, c'est parce qu'ici vous avez tous été là pour m'encourager, partager vos questions et vos doutes, me pousser à réfléchir, à me renseigner, à mes préparer, vous avez été à votre façon présents pour me dire que oui c'était possible et pas totalement fou (même si ça l'était un peu quand même !). Si l'arbre peut étendre ses branches pour aller vers l'inconnu, c'est parce que les racines sont solides. Et bien je peux dire qu'en tant que petit arbre qui a encore beaucoup de choses à découvrir, votre soutien à tous m'a été précieux pour me lancer dans l'aventure. Le mot Merci n'est jamais suffisant, en tout cas votre intérêt pour ce que j'ai vécu avant, pendant et maintenant me touche sincèrement ! Merci à tous, à votre manière, de m'avoir permis de vivre cette expérience.
«Vois les fleurs d’un jardin : bien que d’espèce, de forme, de couleur et de taille différentes, elles sont cependant rafraîchies par les ondées d’un même printemps, ravivées par les brises du même vent, revigorées par les rayons d’un même soleil, et leur diversité ajoute à leur charme et accroît leur beauté. Combien serait morne pour l’oeil un jardin où plantes, feuilles, fleurs, branches et arbres seraient calqués sur un même modèle et auraient la même couleur ! La diversité des tons, des formes et des dimensions fait la richesse et l’ornement du jardin dont ils rehaussent l’effet. De même, lorsque plusieurs modes de pensée, de tempérament et de caractère sont placés côte à côte sous le pouvoir et l’influence d’un agent unique, la gloire et la beauté de la perfection humaine se révèlent et deviennent manifestes.» —’Abdu’l-Bahá
