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08 Nov

Mac Leod Ganj, plongée dans la culture tibétaine

Publié par Lauriane  - Catégories :  #Villes et visites

Mac Leod Ganj, plongée dans la culture tibétaine

Bonjour ! Aujourd'hui je vous emmène avec moi pour ce week-end en pays tibétain ! Car oui, j'étais encore en Inde, mais un peu au Tibet aussi, vous allez comprendre pourquoi :)

 

 

Nous étions à Mac Leod Ganj, qui se trouve à 10 km au nord de la ville de Dharamsala. C'est le lieu où se trouve la résidence de sa Sainteté le Dalaï-lama depuis qu'il a été contraint de fuite le Tibet suite à l'invasion chinoise dans les années 50, d'ou le fait que la ville est surnommée la « Lhassa de l'exil ». C'est un charmant village, très calme comparé aux autres villes indiennes que j'ai visité jusqu'à maintenant. C'est néanmoins très touristique et ça permet d'acheter des souvenirs ! Et des cartes postales, car en trouver en Inde est quelque peu compliqué. Ce fut un week-end sport et nature, ce dont j'avais besoin pour me ressourcer et attaquer la deuxième partie du voyage ! Et oui ça fait exactement 5 semaines que je suis là, il me reste donc 6 semaines ici. Le temps passe vite ! Nous étions 6 français et une italienne, Ambra, mais nous ne sommes finalement pas restés tous ensemble souvent, n'ayant pas le même rythme et les mêmes envies.
 

 


Nous sommes partis de Delhi vendredi 3 soir, après avoir passé 2h dans les bouchons de la capitale. En 12h de bus de nuit, exploité par une compagnie française s'il vous plaît, nous sommes arrivés à Dharamsala, situé entre 1250 et 1900 mètres d'altitude, dans l'état de l'Himachal Pradesh. C'est un état du Nord-ouest de l'Inde, comptant 6 800 000 habitants. Son nom veut dire "Pays des montagnes". Né de l'Union de 31 principautés en 1948, l'Himachal Pradesh intègre officiellement l'état indien en 1971, se dotant d'un gouvernement et d'une assemblée élue. Dharamsala est située dans la vallée de Kangra, sur les bords des montagnes Dhauladar.

 


Nous prenons tout de suite un taxi pour gagner Mac Leod Ganj, à 20 minutes de voiture environ. Après un petit déjeuner des plus succulents, nous sommes partis voir la cascade la plus proche. Premier contact avec la nature et l'occasion de voir le village de Mac Leod Ganj, construit à flan de montagne. La cascade en elle-même n'a rien de fabuleux et il y avait beaucoup de monde, mais nous avons pu nous poser un peu en bas, au soleil. L'occasion de mettre les pieds dans l'eau glacée, de dorer au soleil et de prier, un moment très agréable. Le contact avec la nature m'avait manqué, en effet la où je vis il n'y a pas beaucoup de parcs et peu de possibilités d'entendre le silence, les oiseaux, le vent. Sur la route pour la cascade, au centre du village, nous découvrons le temple bouddhiste principal, avec ses moulins de prières typiques de la culture tibétaine. Nous pouvons rentrer dedans pour découvrir de grandes statues recouvertes d'or et des symboles bouddhistes. 

 

 

Nous sommes ensuite redescendus et nous nous sommes séparés pour vaquer à nos envies respectives. Je suis restée avec Ambra, l'italienne, pour manger une soupe de momos (baignés pochés ou frits de pâtes de riz remplis de choux, pommes de terre et viande selon les recettes), nous balader dans les rues commerçantes du villages et visiter le complexe qui abrite la maison du Dalaï-Lama : un temple, un musée sur le Tibet, une bibliothèque et une cour ombragée où des moines tibétains se détendent. Car oui ici, nous sommes un peu au Tibet : il y a des moines habillés en rouge dans les rues, des hommes comme des femmes d'ailleurs et des enfants aussi. Entre Dharamsala et les petits villages alentours, on compte environ 10 500 tibétains qui ont élus domicile ici. On voit aussi écrit du tibétain, qui est très différent de l'hindi. L'ambiance y est spirituelle, calme, reposante je trouve ! Maman pourra témoigner, en France déjà je disais que je viendrais à Dharamsala. C'était, avec le Taj Mahal, l'endroit que je voulais voir en Inde. Et bien c'est chose faite et c'était très agréable. 
 

 

 

J'en profite pour vous donner ici quelques explications sur le Dalaï-Lama. Le 14e et actuel Dalaï-Lama s'appelle Tenzin Gyatso. Vous avez sans doute déjà vu son visage, il est connu pour être un modèle de paix, de sérénité et de non-violence, surtout face à la situation que vivent les tibétains. Concernant ce rôle de Dalaï-Lama, il est reconnu par ses fidèles comme une émanation du Bodhisattva de la compassion, et outre son autorité spirituelle, ce personnage a exercé le pouvoir temporel à la tête du gouvernement tibétain entre 1642 et 1959. Les Dalaï-Lamas sont d'abord considérés comme les réincarnations successives du premier, Gedun Drub, qui vécu de 1391 à 1474. Moine bouddhiste de l'école gelugpa, Tenzin Gyatso est intronisé chef temporel et spirituel des Tibétains le 17 novembre 1950, un mois après le début de l'intervention de l'armée chinoise au Tibet. En 1952, le 14e Dalaï-lama prit des initiatives pour créer une société plus démocratique en nommant un comité de réformes. L'exode tibétain de 1959 verra environ 100 000 Tibétains suivre le Dalaï-Lama dans un exil en Inde où il crée le gouvernement tibétain en exil qu'il dirige et démocratise jusqu'en mars 2011, date de sa retraite politique qu'un amendement constitutionnel du parlement tibétain en exil autorise. Pour lui, le rôle politique des Dalaï-Lamas est dépassé et doit laisser place à la démocratie.

 

 


La journée s'est terminé tranquillement, froidement aussi car nous sommes en montagne. Nous avons testé le restaurant le plus proche de notre hôtel et découvert le "Chow Mein", des nouilles cuisinées à la chinoise, délicieux !

 

 

Le dimanche, la journée a très bien commencé, avec un cours de yoga sur la terrasse d'un hôtel. Commencer la journée par du yoga, des étirements, des exercices de respiration, tout ça face à la montagne, en profitant du levé de soleil, c'était parfait ! Ça me donne envie de m'y mettre à  mon retour en France, papa me donnera des conseils j'en suis sûr ! Je suis ensuite partie avec Ambra à la découverte de Dharamkot, juste au dessus de Mac Leod Ganj. Si c'était à refaire, ce serait là-bas que je logerais, tant c'est un petit village très calme et moins touristique. Nous nous sommes baladées dans la forêt, à l'ombre des pins de l'Himalaya. Car nous ne sommes pas vraiment dans l’Himalaya, on aperçoit simplement les sommets depuis le village. Ça a été l'occasion de mieux la connaître, car nous avions peu discuté jusqu'à présent. Et de nous questionner sur la vie des habitants des montagnes : de quoi vivent-ils, font-ils tous les jours le chemin vers Dharamsala, y a-t-il une école pour les enfants, etc. Nous avons aussi vu un temple bouddhiste, en effet depuis de nombreuses années, le bouddhisme est la religion principale de la région : depuis le VIIème siècle, on recense plus de 50 monastères dans la vallée qui logent près de 2 000 moines.

 

 

Au retour de notre ballade, séance shopping dans les petites rues du village. Il y a beaucoup d'étales, qui vendent en général la même chose : des écharpes, des manteaux, des chaussons fourrés car nous sommes en montagne, des bouddhas, des moulins à prières miniatures car nous sommes un peu au Tibet, des éléphants et des décors indiens, des vêtements, des boucles d'oreille, des bracelets, des chapelets de prières, des peintures traditionnelles... L'occasion d'acheter quelques souvenirs ! 

 

 

En rentrant à l'hôtel ce jour-là, j'écoute le récit d'un des bénévoles qui a fait la randonnée la plus connue autour de Dharamsala, et a pu profiter d'une très belle vue sur les contreforts de l'Himalaya. Ça me fait tout de suite envie, même si j'ai peur que les 6h aller-retour soient un peu trop pour mes capacités physiques, je manque quand même un peu d'entraînement ! 

 


Le lendemain, je décide donc de couper l'effort en deux : je prends un taxi qui m'emmène à un premier temple, ce qui me laisse normalement 2h30 de montée, un peu plus facile que les 4h au départ du village. Je suis seule ce jour-là, mes deux coéquipières ayant préféré renoncer. Dès le départ, la vue sur la vallée est splendide ! Je retrouve ce qui me fait aimer la randonnée en France : les paysages, le calme, la sensation de liberté mais aussi d'être tout petit face à ce que Dieu a créé... Tout simplement une très belle journée, où j'ai pu faire le point avec moi-même, penser à ma vie, aux choix qui m'attendent à mon retour en France, à ma famille, à mes amis, à tout plein de choses en fait ! Et puis j'ai un peu souffert quand même, les 30 dernières minutes ont été rudes mais c'est bien ça la randonnée : suer, faire des efforts pour arriver en haut et profiter d'une vue magnifique sur l'Himalaya ! Papa maman Sam, vous étiez avec moi pendant tout ce chemin, car c'est avec vous que j'ai fait les plus belles randonnées de ma vie en France : le Grand Vermont, les 7 Laux, le cirque de Gavarnie, Crève-tête en Vanoise, le lac du Lauvitel et toutes les autres. Alors je vous préviens, je suis prête pour les sommets de la Chartreuse, de Belledonne, du Taillefer, et tous les autres ! J'ai passé 1h30 au sommet, à profiter du panorama, à me reposer, à penser. J'ai aussi croisé des indiens, des vaches, des chèvres, des singes, des ânes et plusieurs oiseaux dont un à la voix bien enrouée ! Pour le retour, j'ai tout fait à pied, en faisant bien attention à ne pas me tordre les chevilles, le début de la descente était quelque peu escarpé.
 

 


De retour au village, je dis au revoir à mes collègues pour rester un quatrième jour seule, pas vraiment seule finalement puisque une des filles reste finalement avec moi, mais nous n'avons pas fait les mêmes choses. Je retourne faire un tour dans les rues commerçantes et choisi un petit restaurant tibétain pour tester les momos frits, délicieux avec du ketchup ! De retour à l'hôtel, on discute 30 minutes avec un jeune autrichien venu passer 5 mois en Inde, l'occasion de voir que mon anglais s'améliore. Je ne suis pas bilingue, mais disons que maintenant je n'ai plus peur de parler anglais, de faire des fautes, de me tromper, l'essentiel étant d'être compris et pas de parler un anglais parfait !
 

 


Le mardi enfin, je m'accorde une grasse matinée pour me remettre de la marche de la veille ! Et pour ce dernier jour, je prends la direction du Dal Lake, à 4km, d'où j'ai une autre vue sur la vallée et les villages. Encore de beaux paysages ! Je rentre ensuite au village pour plonger dans la culture tibétaine : je visite le musée sur le Tibet, qui retrace l'histoire de ce pays et de ce peuple. Il y a trois parties : le Tibet avant l'invasion chinoise ; l'invasion chinoise, les persécutions contre les tibétains et les conséquences sur cette région montagneuse ; et le Tibet aujourd'hui. Bien sûr, le parti pris est pro-tibétain, et je n'ai pas forcément compris les motivations des chinois à avoir envahi ce pays. Les images étaient dures et parfois choquantes, parce que la situation l'est. Imaginez un gouvernement vous obligeant à aller en prison parce que vos idées, votre culture, vos habitudes de vie ne correspondent pas ce qui lui paraît juste. C'est malheureusement encore le cas de nombre de groupes de personnes dans le monde, qui sont oppressés parce que leurs idées ne sont pas les mêmes que celles prônées par la majorité. Je prie Dieu que la situation évolue favorablement, et à Mac Leod Ganj on voit les efforts de la communauté tibétaine pour faire perdurer son mode de vie ancestral.

 

 

Voici quelques informations sur le Tibet, en tout cas ce que j'en ai compris : Le Tibet, ou anciennement Thibet est une région de plateau située au nord de l'Himalaya en Asie, habitée traditionnellement par les tibétains et d'autres groupes ethniques (Monbas, Qiang et Lhobas) et comportant également une population importante de Hans et de Huis. Le Tibet est le plateau habité le plus élevé de la planète, avec une altitude moyenne de 4 900 m. Sous l'appellation « Tibet historique », cette aire, revendiquée par le gouvernement tibétain en exil, est composée de trois régions traditionnelles : l'Ü-Tsang, l'Amdo et le Kham. La superficie du Tibet varie de 1 221 600 km² pour la Région autonome du Tibet à 2 500 000 km² pour le « Tibet historique » ou « Grand Tibet ». La capitale historique qui, traditionnellement, concentre l'autorité religieuse et temporelle du Tibet, est Lhassa. Les Tibétains, dont le nombre est de six millions en République Populaire de Chine, parlent un des trois dialectes du tibétain, une langue de la famille tibéto-birmane, et pratiquent majoritairement le bouddhisme tibétain. Comme vous le savez, le Tibet fait officiellement partie de la République Populaire de Chine depuis les années 50. La situation est complexe car aux yeux de la communauté internationale (ONU, pays occidentaux, pays voisins de la Chine), le Tibet n'est pas considéré comme un pays à décoloniser. Cependant, à ce jour, le peuple tibétain n’a jamais été consulté sur le statut du Tibet, or il devrait jouir d'un droit à l'auto-détermination. Aujourd'hui encore, la politique de l'état chinois vis-à-vis des minorités de son territoire, car les tibétains ne sont pas les seuls, est trouble et complexe à comprendre. Bien que nous ne soyons plus sous l'air de Mao Zedong et de la « révolution culturelle » – période pendant laquelle le gouvernement chinois a ouvertement et violemment tenter d'écraser les différences culturelles pour créer un peuple chinois aux même meurs et cultures – les tibétains ne peuvent exercer leurs vies comme ils le souhaitent sur les terres qu'ils revendiquent. Les hans, ethnie majoritaire en Chine, sont ouvertement appelés à coloniser le Tibet, pour faire en sorte de rendre les tibétains minoritaires dans la région chinoise autonome du Tibet. Comme j'ai pu le voir dans l'exposition du musée sur le Tibet, de nombreux tibétains ont préféré fuir afin de jouir d'une vie meilleure, que ce soit en Inde, au Népal, ou en Europe et aux États-Unis. Certains également, par volonté de faire entendre la situation au Tibet – qui, il est vrai, paraît figée et au second plan derrière d'autres conflits actuels – ont choisi de s’immoler par le feu sur la place publique. Ainsi, entre 2011 et 2015, 78 personnes se sont mises feu elles-même, à Lhassa, mais aussi ailleurs en Chine.

 


J'ai aussi revisité le complexe où vit le Dalaï-Lama ; dans la cour ombragée, j'ai pu voir une centaine de moines pris dans des combats de dialectique par pair. Pour ceux qui ne sauraient pas, la dialectique semble être l'art de tourner ses idées, ses arguments pour convaincre son interlocuteur. Proche de la rhétorique, on la retrouve dans les pensées de grands philosophes grecs, qui valorisaient certes le fond du discours, mais aussi la capacité à bien tourner les choses pour convaincre et persuader (Merci wikipédia !). Je vous ai fait une petite vidéo pour que vous voyez ça.

 

 

En rentrant dans le temple même, j'ai vu des fidèles bouddhistes en train de prier, comme je l'avais déjà vu dans des documentaires, il s'agit de réaliser plusieurs gestes tout en s'agenouillant et en se couchant par terre, puis en se relevant, et ceci à plusieurs reprises. J'ai aussi vu des moines en train de refaire un grand mandala, avec des poudres colorées. Travail de patience et de précision. 

 

 

Il est déjà temps de repartir, avec Laurine nous nous dirigeons donc pour trouver un bus ou un taxi à partager, pour redescendre à Dharamsala, la ville basse, prendre notre bus pour Delhi. Et ce fut donc le bus local, pour 15 roupies, où nous étions les seules occidentales. C'est dans ces moments-là que je me sens vraiment indienne :) Dernier petit moment sympa de ce week-end, nous avons discuté 5 minutes avec une dame de Delhi, intéressée de savoir ce que nous faisions ici. Très sympathique ! 

 

 

 

Donc si je résume ce week-end : des montagnes, du sport, du spirituel, du shopping, des rencontres, du calme ! Vraiment à la hauteur de ce que j'attendais :) Je suis prête pour la suite du voyage ! Alors à bientôt pour de nouvelles aventures :)

 

Je vous laisse avec les photos

https://photos.app.goo.gl/G7Y1jQoSRZV8LWj92
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